Jardinage et zéro déchet, je vous dis tout dans cet article! En grande amatrice de jardinage qui tente toujours de consommer de façon plus responsable, je me devais de transposer mes bonnes pratiques de la maison au jardin. Je vous ai déjà partagé quelques unes de mes astuces pour jardiner écolo, en vidéo notamment, mais n’avais jamais abordé le sujet du zéro déchet, je répare donc mon erreur avec cet article dédié!
Cela peut paraître paradoxal, mais jardinage ne rime pas forcément avec écologie. La culture de certaines plantes, comestibles ou non, fait ainsi appel à de multiples ressources (eau, énergie, engrais, pesticides…), tout en engendrant également la production de nombreux déchets: pots, eau, déchets organiques etc. Et pourtant, nous avons tout à gagner à appliquer les principes du zéro déchet au jardin.
Au-delà de l’aspect environnemental, cela permet ainsi de réaliser de belles économies, surtout lorsque l’on débute. Le jardinage, et a fortiori la culture potagère, est un hobby certes passionnant, mais qui peut vite s’avérer onéreux si l’on n’y prête pas attention. Graines, plantes, pots, engrais, terreau, outils, pour pouvoir développer pleinement une telle activité il convient de se procurer pas mal de choses. Si en plus on cherche à allier qualité des produits et écologie, alors l’addition peut vite être salée.
Raison de plus pour emprunter, échanger ou encore acheter de seconde main! Je vous partage toutes mes astuces pour un jardinage zéro déchet, respectueux de l’environnement et de votre porte-monnaie!
***
Le b.a-ba du jardinage zéro déchet
Débutons avec quelques règles basiques applicables à tous les aspects du jardinage:
- Réalisez un inventaire de ce dont vous disposez déjà: semis, outils, terreau, pots etc. Faites une liste de tout ce que vous avez de prime abord afin d’éviter les doublons.
- Servez-vous chez vos proches. Demandez-leur s’ils n’ont pas des graines ou des pots en rab’. On voit parfois trop grand et lorsque c’est le cas on est ravi·e de pouvoir donner ce dont on ne se sert pas à quelqu’un·e qui en aura l’usage!
Plant(e)s
Commençons par le commencement. Pour pouvoir jardiner il faut des plantes bien évidemment! Graines, boutures ou plants déjà plus aboutis, vous devrez vous procurer de quoi peupler votre jardin, balcon ou bout de fenêtre.
Pour ce faire, ce qui vient automatiquement à l’esprit c’est de se rendre tout bêtement dans une jardinerie ou chez un·e fleuriste pour y choisir les futur·e·s habitant·e·s de notre jungle personnelle. Et pourtant, avant d’en arriver là, il y a tout un tas d’autres astuces que vous pouvez mettre en place!
Les semis
Une fois que vous avez fait le tour des graines dont vous et vos proches disposez, voici quelques idées pour des semis zéro déchet:
- Si vous n’en êtes pas à votre première année de jardinage, pensez à récolter les graines de vos fleurs et plantes potagères pour les ressemer l’année d’après.
- Laissez vos plantes se ressemer directement d’année en année. Chez moi les salades, la camomille, les tomates et les oeillets d’Inde poussent comme bon leur semble.
- Récupérez les graines de vos fruits et légumes bios pour les planter à votre tour. Vous pouvez faire de même avec les tubercules germés: plantez vos pommes de terre, gingembre et patates douces directement en terre. Vous évitez ainsi le gaspillage et vous assurez une nouvelle récolte.
À noter:
- Vous ne pourrez récolter que les graines issues de plantes issues de l’agriculture biologiques et reproductibles. Vous devrez par ailleurs les nettoyer puis les sécher avant de les conserver dans un endroit sec, à l’abri de la chaleur et de la lumière.
- Évitez de récupérer et récolter les graines de courges car elles sont sujettes à un risque d’hybridation (mélange entre espèces).
- Ici aussi pensez à la récup’. Fabriquez vos propres enveloppes à graine à partir de chutes de papier ou des petites enveloppes papier qui emballent certains sachets de thé individuels.
Les plant(e)s
Si les graines sont vendues principalement en sachets papier, pour les plants ce n’est pas la même histoire. Pour quasiment chaque plant(e) acheté(e) en jardinerie ou chez un·e fleuriste on aura droit à un « joli » pot en plastique dont on ne saura que faire une fois notre plante installée dans son pot définitif. Sans compter que ces mêmes pots sont souvent ornés d’une étiquette elle-même en plastique et sont entreposés sur des plaques encore une fois en… plastique.
Cela fait tout de même beaucoup de déchets. Surtout sachant qu’il y a de grandes chances pour que tout cela finisse à la poubelle à peine arrivé chez vous. Heureusement, quelques astuces existent:
- Vive le végétal propose de nombreuses plantes zéro-déchet: fleurs, succulentes ou encore aromates. Cette entreprise française prend le problème à bras-le-corps. Leur plantes françaises sont installées dans un pot et du substrat en fibre de bois tandis que l’étiquette est biodégradable. Seul le tuteur en bambou vient d’Asie. Elle n’utilise pas non plus de tourbe. Une belle initiative à soutenir pour fomenter le jardinage zéro déchet!
- La SPV (Société Protectrice des Végétaux) à Lyon donne une seconde vie aux végétaux destinés à être jetés. Adoptez une plante de récupération chez eux ou déposez-y les petits protégés qui ne se plaisent pas chez vous.
- Votre pépiniériste local vend peut-être certains de ses plants sans pot. C’est le cas de celui des parents de mon amoureux. La plupart des plants cultivés sur place viennent emballés dans du papier journal.
- Obtenir des boutures de vos plantes ou de celles de vos connaissances est également une solution économique et zéro-déchet pour augmenter votre jungle.
- Pensez aux sites d’échanges de plantes comme celui-ci ou celui-là. Il existe également des groupes Facebook dédiés. En tout cas c’est l’occasion de faire des économies, d’échanger avec d’autres passionnés et de pouvoir limiter les émissions liées au transport de vos plantes ainsi qu’éventuellement les déchets en amenant vos propres contenants, par exemple.
- Si d’aventure vous n’avez pu éviter d’acheter des plantes en pot, demandez à votre fleuriste s’il ou elle accepterait de les reprendre. Beaucoup d’entre elles·eux seront ravis de les réutiliser.
Contenants
On l’a vu, avec la plupart des plantes du commerce on héritera d’un pot en plastique qui sera souvent bien vite remisé car peu adapté à une croissance saine de votre nouveau bébé. Cependant, il pourra peut-être servir à d’autres plantes plus jeunes. Ces contenants ne sont jamais très jolis, mais il serait dommage de les laisser se dégrader aux intempéries sans les utiliser (si vous ne les avez pas déjà rendus à votre fleuriste).
Si vous cherchez de plus jolis contenants et avez déjà fait le tour de votre collection et de celle de vos proches, voici quelques idées zéro déchet:
- Pensez aux encombrants ou décharges. Lors d’un déménagement nombreuses sont les personnes qui se débarrassent sans trop d’état d’âme de leurs pots de fleurs, parfois directement avec ladite fleur! Dans mon quartier de Gracia à Barcelone, chaque mardi, ou presque, je vois des pots laissés à l’abandon.
- Soyez créatifs. Les pots en terre cuite c’est très joli, mais il existe plein d’autres alternatives auxquelles ont ne pense pas forcément. Donnez une seconde vie à une vieille bassine ou à ce sac de jute qui allait finir à la poubelle. Très tendance également, la fameuse palette en bois est idéale pour les aromates ou les salades.
- Tournez-vous vers la seconde main. Jolis pots en céramique, caisses de fruit ou de vin… il y en a pour tous les goûts. Pensez à comparer, certains surfent sur la tendance et gonflent leurs prix.
- Pour vos semis, de nombreuses solutions d’upcycling existent. Pots de yaourt, briques de lait, rouleaux de papier toilette ou boîtes d’oeufs, les options sont pléthores. Amusez-vous!
En tout cas, pensez à bien protéger vos contenants en matières biodégradables (bois, jute). J’ai fait l’erreur de m’en passer avec nos caisses en bois, après 4 années nous avons du nous en séparer. C’est bien dommage! Si c’était à refaire je les traiterais contre l’humidité et leur installerais des roulettes pour les isoler du sol.
Terre(au)
Si l’on cultive hors-sol, la question du type de substrat à apporter se pose inévitablement. S’il est difficile d’éviter complètement le plastique dans ces situations, des solutions existent:
- Récupérez de la terre de jardin chez vos proches. Ajoutez-y simplement du sable et du compost.
- Renseignez-vous, certaines villes permettent aux particuliers de se servir en terreau des serres municipales. Cela peut aussi être le cas de jardins partagés.
- Si vous troquez déjà des plantes, pourquoi ne pas demander si certaines personnes n’auraient pas de la terre ou du terreau à donner/vendre?
- Recyclez votre terreau d’année en année en l’enrichissant entre les récoltes.
- Si vous optez pour l’achat en sachet, choisissez-les aussi grands que possible.
À noter: Pensez toujours à choisir un terreau sans tourbe. Celle-ci est en effet extraite à grande échelle de milieux naturels humides, mais n’est pas renouvelable. Il faut 100 ans pour en produire 5 cm. Détruire des écosystèmes entiers pour planter nos rosiers semble un brin disproportionné, on en conviendra. Quelques références par ici.
Engrais et Compost
En pleine terre ou en pot, l’apport de nutriments est indispensable pour une récolte conséquente. Voici quelques astuces pour limiter au maximum vos déchets sans sacrifier le bien-être de vos plantes:
- Produisez votre propre compost. Bokachi, lombricompost ou autre, les options ne manquent pas. Un dossier spécial est disponible dans le Numéro 3 de Veìr Magazine, si jamais. Un tutoriel lombricompost est aussi disponible sur leur blog. Pour les toulousains, la mairie vous en procure un gratuitement! Vous pourrez ainsi recycler vos déchets organiques tout en nourrissant votre potager. Que demander de plus?
- Si vous n’avez pas la place chez vous, tournez-vous vers les composts communautaires, au niveau de votre copropriété ou dans un jardin partagé. Vous pourrez y amener vos déchets et/ou en profiter pour récupérer du compost.
- Pensez aux engrais naturels, facilement réalisables à la maison, comme celui-ci à base de peaux de bananes ou celui de Victoria.
- Si vous ne souhaitez pas vous embêter, vous pouvez aussi directement mélanger coquilles d’oeufs, marc de café ou feuilles de thé usagées à votre terre, pour un apport ponctuel voire installer un compostage de surface. Celui-ci consiste simplement à couvrir le sol des épluchures de vos légumes.
- Sinon, certains engrais bios du commerce sont vendus en assez grande quantités dans du carton. Une alternative sans prise de tête aux contenants en plastique.
Protéger ses plant(e)s
Le jardinage zéro déchet c’est aussi prendre soin de ses plantes pour ne pas les voir finir à la poubelle au moindre coup de chaud ou à la première attaque de pucerons. Je vous partage ci-dessous quelques idées pour des plantes en forme sans trop de plastique:
Contre les températures extrêmes
- Pensez au paillage pour protéger les racines de vos plantes du froid ou retenir l’eau en période de sécheresse. Utilisez les feuilles mortes et branchages de votre propre bout de jardin. Les résidus de tonte séchée sont également une bonne option. Vous pouvez aussi vous servir dans la nature, mais veillez à le faire de façon raisonnable et à ne jamais laisser le sol à « nu ». Attention, si certaines de vos plantes sont victimes de maladies ne vous servez pas de leurs feuilles comme paillage au risque de voir l’infection se répandre!
- Pour les grands froids, associez le paillage à une protection additionnelle placée sur toute la plante. Le voilage est une option, de vieux rideaux feront très bien l’affaire tant qu’ils laissent transparaître la lumière. Vous pouvez aussi protéger vos jeunes plants à l’aide de bouteilles plastiques coupées en deux ou de cartons usagés. Pensez à retirer les protection lors des journées ensoleillées.
- Pour la culture en pot dans les régions chaudes, pensez à installer un socle pour séparer la plante du sol souvent ardent qui pourrait brûler les racines. De vieilles tuiles, des pierres ou d’anciens pavés feront l’affaire et raviront nombre de petits insectes qui se réfugieront en dessous.
Contres les indésirables
- On l’a dit plus haut, le paillage est un allié tout terrain. Il empêchera aussi les adventices (« mauvaises » herbes) de pousser, tout en protégeant certaines cultures des dangers de l’arrosage. En effet, certains fruits et légumes comme les fraises n’aiment guère être au contact de la terre mouillée.
- Autres astuces contre les mauvaises herbes: arrosez-les de l’eau de cuisson de vos pommes de terre ou recouvrez votre sol d’une bâche pendant 2-3 semaines. Désherber manuellement reste aussi une très bonne option!
- Sauf coup de chance, il est fort probable que vous ayez affaire un jour ou l’autre à des parasites (champignons, insectes ravageurs, etc.) sur vos cultures. Pour les insectes, rien de tel que de les enlever un à un si cela vous est possible. Et pour tout le reste, vous pouvez fabriquer vos propres produits, à base de savon noir et vinaigre blanc, notamment (disponible en vrac). Afin de savoir quels ingrédients appliquer, Google vous donnera des solutions naturelles pour tous les petits inconvénients au jardin. De très bons ouvrages existent également sur le sujet!
- En prévention, pensez aux cultures intercalaires et aux plantes compagnes. L’oeillet d’Inde et le basilic sont de précieux alliés des tomates, tandis que les capucines sauveront vos rosiers des attaques de pucerons.
Arrosage
Le jardinage zéro déchet passe également par une meilleure gestion de l’eau. Voici quelques astuces:
- Jardinage zéro déchet rime avant tout avec réduction de notre consommation , d’eau notamment. Pour la culture en pot choisissez des contenants adaptés à vos plantes (taille, matériau) et un substrat qui leur convient. Si elles ont besoin de beaucoup d’eau pensez à ajouter de la perlite au terreau. Celle-ci diffusera l’eau au fur et à mesure. En tous les cas n’oubliez pas de toujours commencer vos pots par une couche de drainage (des tessons de pots en terre cuite ou des petits cailloux poreux feront parfaitement l’affaire!).
- Pailler permet de réduire la fréquence des arrosages en formant une couche protectrice en surface.
- Offrez à vos plantes l’exposition adéquate. N’installez pas vos salades en plein soleil ni votre romarin à l’ombre. Si vous cultivez en pot n’hésitez pas à les bouger afin de profiter du soleil en hiver et de l’ombre à la saison chaude. Pensez ici aussi aux plantes compagnes et aux cultures intercalaires: vos laitues se plairont à l’ombre des tomates, concombres et bettes.
- Récupérez l’eau de pluie. Système D ou installation plus sophistiquée, tout est bon pour faire des économies. Votre porte-monnaie et la planète vous en remercieront! Pensez aussi à réutiliser l’eau de nettoyage et de cuisson (non salée) de vos fruits et légumes (sauf pommes de terre) et de vos oeufs. Idem pour vos restes de thé et de café (non sucrés).
Outillage
S’équiper lorsque l’on commence à jardiner peut vite s’avérer coûteux et pourtant ces quelques idées devraient vous aider à réduire vos dépenses et votre impact environnemental:
- Allez à l’essentiel. Pas besoin de 50 outils dont vous ne saurez vous servir. Au jardin, munissez vous d’un arrosoir, d’une bêche, d’un transplantoir, d’un sécateur et d’un couteau. Pour la culture en pot, l’arrosoir, le sécateur, le couteau et le transplantoir suffiront. Pour les plus motivés vous pouvez ajouter grelinette, croc, serfouette et brouette à votre collection.
- Pensez ici aussi à l’upcycling: une bouteille en plastique dont le bouchon est percé fera office d’arrosoir, tandis qu’un ancien flacon brumisateur remplacera un pulvérisateur pour l’hydratation de vos plantes d’intérieur et semis.
- Pour le reste, préférez comme toujours la seconde main. Demandez également à vos proches s’ils n’auraient pas certains outils en rab’.
- En tous les cas choisissez des outils de qualité en bois et en acier inoxydable à une version en plastique, moins chère à l’achat, mais moins durable.
- Pensez à la location ou au prêt pour le gros outillage qui ne vous servira qu’une ou deux fois dans l’année.
**
Bonus: aider nos alliés au jardin
Jardiner en conscience c’est aussi aider les différents animaux qui peuplent nos bouts de verdure. Insectes, petits animaux ou rongeurs, ils jouent un rôle non négligeable dans l’équilibre des micro-écosystèmes que constituent nos jardins, participent au maintien de la biodiversité en général et ont bien sûr tout simplement le droit de vivre leur petite vie sans trop de désagréments. Je vous partage donc quelques idées zéro déchet pour les soutenir:
- Tas de feuilles ou de bois morts et pierres sèches posées au sol raviront nombre d’insectes dont les cloportes, grand composteurs devant l’éternel.
- Il est aisé de fabriquer toutes sortes d’abris ou hôtels à insectes à partir de matériaux recyclés, comme je vous le suggérai dans cet article pour le blog de Veìr Magazine. Un simple pot retourné fourré de paille fait aussi très bien l’affaire. À accrocher aux arbres fruitiers. Vous pouvez faire de même avec les oiseaux, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, l’imagination en la matière ne connaît pas de limites!
- Un pot en terre cuite rempli de paille ou herbe sèche ravira nos amis les hérissons.
- Une pomme de pin recouverte de margarine et de graines pour oiseau leur fournira un garde-manger en hiver.
- Fabriquez une mangeoire à oiseaux à partir d’une noix de coco coupée en deux.
***
Cet article vous a t’il semblé utile?
Appliquez-vous déjà certaines astuces de jardinage zéro déchet?
N’hésitez pas à me partager vos gestes de jardinage zéro déchet et vos questions en commentaires!